Les facteurs psychosociologiques de l’achat d’un logement

À vendre : petit pavillon proche du Centre-ville avec jardin. À quoi ce type d’annonce correspond-il ? Pourquoi est-on susceptible d’être intéressé ? Quels sont les enjeux conscients ou inconscients expliquant la décision d’un acheteur potentiel lorsqu’il déclare « j’ai le coup de cœur » ou « je ne m’y vois pas » ? Qu’est-ce qui le pousse à vouloir être propriétaire de son logement ?

Le besoin d’acquérir un logement est un phénomène assez récent. C’est une donnée culturelle liée à la définition de famille… Avec le développement de la société industrielle, le travail est extériorisé en dehors de l’espace de vie et l’État commence à prendre à sa charge les soins médicaux et la formation : la maison devient un refuge pour la famille nucléaire. L’accession à la propriété de ce refuge se développe avec les années de prospérité et le développement des crédits logements dans les années 1950.

Posséder son logement, c’est un rêve pour une majorité des Marocains, quelle que soit la classe sociale. C’est aussi une réalité pour 58 % des ménages Marocain (74 % pour les plus de 65 ans ; 13,5 % pour les moins de 30 ans). De manière générale, la propriété rassure. En particulier, les personnes dites « défavorisées » qui ont l’opportunité d’y accéder, même dans des environnements difficiles, manifestent moins d’inquiétudes sur l’avenir : le fait de posséder son logement renforce le sentiment de confiance en soi, de détermination et d’optimisme 2.90 % des propriétaires se déclarent satisfaits de leur situation et devenir propriétaire de sa maison représente la situation idéale pour 80 % des individus3. Ce pourcentage varie selon que l’individu est déjà ou non propriétaire, et qu’il possède un appartement ou une maison. Ainsi, 91 % des propriétaires de maisons pensent que l’idéal est d’être propriétaire d’une maison alors que 46 % des propriétaires d’un appartement le pensent.

Le désir d’être propriétaire d’une maison selon sa situation

Le logement n’est pas qu’un bien matériel. Il est source d’émotions, de projection de soi et d’organisation de vie. Le désir de possession de son logement est un phénomène qui déroute parfois certains psychologues : posséder un lieu de vie à soi est parfois perçu comme irrationnel, dans la mesure où cela nécessite de grands sacrifices pour être comblé.

Les décisions d’achat ne se basent plus sur l’espoir de plus-values mais davantage sur l’idée de ne plus verser de loyers à fonds perdus et de constituer un patrimoine en « épargne forcée » afin d’éviter une situation de dépendance au moment de la retraite. Cette appétence, en particulier des jeunes actifs, pour l’achat immobilier à Marrakech est rendue possible par un contexte macroéconomique favorable de faible taux d’intérêt. Mais la durée moyenne d’un crédit immobilier (17 ans) rend la décision très impliquant pour l’avenir, alors même que les conséquences de ces décisions ne sont pas toujours clairement identifiées. 23 % des budgets sont revus à la hausse et 42 % des acheteurs sont obligés de revoir leurs critères initiaux. Les achats induisent, outre des coûts de transports et de fatigue, des coûts financiers récurrents (fiscalité, entretien, etc.) qui peuvent s’avérer lourds. On estime à 500 000 le nombre de ménages propriétaires qui bénéficient d’aide à la propriété avec un taux d’endettement supérieur à 39 %.